De l'un vers le multiple

De l'un vers le multiple

Sculpture-installation sonore
66 x 46 x 41,5 cm

Electrophone – magnétophone – isorel – polystyrène –
acrylique – feuille miroir – éclairage intérieur – latex - judas - terre
cassette audio : enregistrement voix + comptine
Panneau : isorel – papier – encre de chine
Cercle : cailloux de terre peints



Fond sonore : 339 voix différentes
Liste de phrases courtes : Je suis un, je suis multiple, je suis au commencement, je suis à la fin, je suis ici, je suis là, je suis de partout, je suis féminin et masculin (et inversement), je suis un nom, je suis femme, je suis homme, je suis tout, je suis rien, je suis l’être, je suis le néant, je suis le monde, je suis l’autre.
Chaque personne a choisi sa phrase.
Comptine : extraits de « nous n’irons plus au bois », deux versions : « Rondes et chansons enfantines » 1966 éd. Phonographique Philips, Pergola et « Chansons et rondes n°10 Petits chanteurs de l’Ile de France et Renée
Caron », 1971 éd. Phonogram Philips.
Deux personnages enlacés tournent, imperturbables, accompagnés par un serpent qui semble leur susurrer des sons – peut-être des mots – et des voix qui scandent qu’elles « sont », dans un espace indéfini, où seuls quatre regards les observent.
Sempiternel recommencement, au commencement, à la fin : ils tournent comme le monde, comme les planètes, pris dans le tourbillon de la vie, d’être, d’exister – de l’un vers le multiple. Soi vers les autres.

Au commencement, une envie d’aller vers l’autre, de l’entendre, lui demander de me prêter sa voix.
Au commencement, une certaine pudeur malgré l’envie.
Puis l’élan, le contact, et quelque chose comme une sorte de légitimité qui emporte toute résistance.
Je ne fais pas de choix, je me l’interdis.
J’ai demandé à différentes personnes de choisir une phrase parmi la liste que je leur proposais et de les enregistrer la lisant. Moins de 1 mn. 5 mn pour expliquer… Respecter leur temps.
Quelques refus, timides, catégoriques, grimaçants. Peur. Du magnéto. De leur voix. De s’entendre. Peur de dire « je » ?

Toutes ces voix, tous ces êtres. Alors que seuls au commencement, tous confondus, ensembles, mélangés, vers la multitude.
Des voix qui se répondent grâce au déroulement de la bande.
Voix d’ici. Voix de tous horizons.
Récolte de voix dans différents lieux, publiques, institutionnels, privés… Centres commerciaux, rues, musée, médiathèque, cafés, bus, métro, mairie, entreprise...
Lieu de rencontres, lieu de travail, lieu privé.
Tout lieu devient lieu de prédilection. Source. Lieu à violer. Lieu à apprivoiser. Puis-je ?
Tout est prétexte à ma recherche de voix. Ou ma recherche est prétexte. Allons savoir.
Au repos, au travail, en ballade. Seul, en famille, entre ami(e)s.
« je suis » est tout cela.
Ici. Là. Femme. Homme. Féminin. Masculin. Un peu tout à la fois.
Un rien amusé. Effrayé. Etonné. Curieux.
Certains ont voulu créer leur propre phrase. J’ai accepté, n’engageant qu’eux même. D’autres ont exprimé la phrase dans leur langue.
Désir d’isoler chacun(e) dans une phrase qui les implique. Puis désir de les faire se rencontrer, à leur dépend, sur la bande. A la queue leu leu.
J’ai pris le parti de garder le matériau brut, la spontanéité des voix avec un brouhaha parfois bruyant : la voix devient imperceptible absorbée par l’environnement sonore qui se poursuit (malgré l’enregistrement) : la vie continue, la phrase arrête le temps, le temps de la phrase.
A la fin, des gens qui me croisent, qui passent : autant de voix qui m’échappent. Voix silencieuses. Potentiel. Non-exploité. Mais là
A la fin, un parcours partant de moi vers l’autre, les autres. Moi et l’autre. Moi et les autres. L’un vers le multiple.


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